A vos tartines !
Un grille-pain Russell Hobbs qui ne veut pas rester allumé, encore lui !
Cet article retrace l’expérience de réparation d’un grille-pain appartenant à mon ami Jérémy. Il fit partie des objets les plus intéressants proposés lors d’un atelier de co-réparation organisé au sein des bureaux GE Vernova par Paul, Mailys et Jérémy lui-même. Le problème présenté par ce grille-pain est celui que l’on constate dans la plupart des cas : le levier d’insertion ne reste pas baissé. Il faut donc qu’il le tienne appuyé pour que ses tartines chauffent. Ce genre de panne intéresse la plupart des grille-pains, ceux de cette marque tout particulièrement. Pour ceux qui ne voudront pas lire l’article, le grille-pain a été réparé par un simple nettoyage d’un de ses composants.
Ceci est également l’occasion d’aborder le fonctionnement de cet objet du quotidien ainsi que d’autres sujets profondément liés comme sa consommation et son indice de réparabilité.
Cet article se veut un brouillon d’un guide de réparation du grille-pain. Je souhaite le rédiger dans le cadre de mon activité bénévole au sein de l’atelier de co-réparation Rezéen où je participe depuis deux ans avec Myriam, Patrice et Rémi. Merci à Hélène et Géraldine pour leur accueil.
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Philippe LE GUEN, pour les remarques qu’il a pu apporter sur cet article et qu’elles m’ont permis de l’améliorer.
(Son site www.pleguen.fr, une de mes sources d’inspiration)
A vos tartines et bonne lecture !
Commençons par un peu d’histoire et d’anecdotes
Il faut savoir qu’il existe même « Le musée international du grille-pain ». Il se trouve en Allemagne et il a un site web http://www.toastermuseum.com/
Est-ce que le grille-pain a été inventé en Allemagne ? Pas du tout. C’est une invention qui arrive depuis les États-Unis grâce à l’inventeur Frank Shailor qui travaillait pour la General Electric. Son D-12 de 1909 c’est bien le premier grille-pain qui ressemble tout particulièrement à ceux actuellement dans nos maisons. Le procédé fut possible grâce à l’invention du nichrome 4 ans plus tôt par un autre inventeur américain, Albert Leroy Marsh. Si vous trouvez quelque part une histoire romancée autour de Alan MacMasters à Edimbourg, sachez que c’est une fake new !
Fonctionnement
Les tartines sont insérées et le levier est baissé. Après un certain temps elles remontent avec une coloration dorée et un agréable parfum. Vous venez de soumettre vos tartines à un rayonnement infrarouge.
Effectivement la tartine a été pendant ce temps-là en proximité d’une source de chaleur produite par effet Joule à la suite du passage d’un courant électrique à travers un fil de nichrome. Cette chaleur a transformé l’amidon contenu dans la pâte en glucose ce qui a rendu votre pain plus croustillant. Ah les gourmands !
Vous pouvez déterminer ce temps d’exposition par un minuteur. Ce temps pourrait être automatiquement ajusté dans certains modèles en fonction de certains éléments variables.
Son électronique de contrôle n’est alimentée qu’au même moment que ses éléments contrôlés.
Cette particularité le rend probablement unique parmi l’ensemble d’appareils électroménagers que l’on peut retrouver dans une maison. Je trouve cette trouvaille aussi simple que magique.
Compte tenu que le minuteur est toujours piloté par un potentiomètre, donc un composant mécanique et passif, un paramétrage reste tout de même possible avant le début de la cuisson.
Passons au démontage
Mettre à nu l’intérieur en soulevant le châssis et sans rien casser est particulièrement compliqué sur tous les modèles de cette marque. Ils le font très probablement délibérément mais on y arrive quand-même.
L’on peut facilement voir le levier solidaire à un mécanisme composé principalement de 5 éléments
- Sur la droite un élément en plastique conique qui ferme un interrupteur bipolaire
- Sur la gauche un crochet qui travaille en binôme avec un électro-aimant
- Une tige centrale pour contraindre les mouvements sur l’axe vertical
- Un ressort sur la gauche pour maintenir normalement haut le mécanisme
- Un ressort sur la tige centrale pour amortir le mécanisme lorsqu’il effectue le mouvement du bas vers le haut au moment où le crochet ne sera plus maintenu par l’électro-aimant
Revenons au fonctionnement :
- Le levier se baisse
- L’élément en plastique ferme les contacts de l’interrupteur bipolaire
- Le courant électrique traverse la résistance
- L’effet Joule est en marche et les tartines commencent à griller
- A un endroit bien précis un fil vient piquer la résistance pour sortir une tension souhaitée. Nous avons donc un pont diviseur
- Cette tension excite l’électro-aimant qui tient le crochet du mécanisme vers le bas. Ce qui nous permet de lâcher le levier qu’il restera donc en position basse
- A partir de ce moment un compte à rebours commence avant que l’électroaimant ne se déclenche
- Toute l’électronique sert à calculer ce temps en tenant compte du paramétrage dans le minuteur ainsi que d’autres éléments que nous verrons plus tard
- Le temps passé, l’électro-aimant n’étant plus alimenté va lâcher le crochet
- Le ressort sur la gauche tire vers le haut, ce qui va faire remonter le mécanisme
- Le ressort central amortit ce mouvement
- L’interrupteur bipolaire n’est plus fermé ce qui fait que le courant dans la résistance ne circule plus
- Comme il n’y a plus de courant, la sortie du pont diviseur donne une tension nulle. L’électronique n’est donc non plus alimentée.
Dans ce modèle, comme probablement dans tous ceux de la marque Russell Hobbs, la tige centrale ne reste pas en place lorsque le châssis n’est pas installé. Cela gêne tout particulièrement les essais pendant la réparation. Je considère ce point comme un défaut de conception dans le design du produit.
L’électronique du grille-pain
Entre la prise électrique et les résistances chauffantes l’on retrouve deux cartes.
Une avec des éléments plutôt de puissance :
Et l’autre avec l’électronique de contrôle, ici dans son recto et son verso :
Le fabricant de ces deux cartes et la Hong Kong Yorkwell Industries Limited :
https://www.hkyorkwell.com.hk/index.html
Comment vous pouvez le constater il s’agit dans les deux cas d’un PCB simple face et avec des composants exclusivement traversants. La sérigraphie ainsi que le routage me semblent être d’une excellente qualité.
La valeur fondamentale est bien lisible pour chaque composant élémentaire, sauf pour le potentiomètre pour lequel on ne dispose que de ses valeurs Min et Max.
Le circuit intégré comporte la désignation A0201D. C’est le seul composant pour lequel nous ne trouverons rien, aucune datasheet, aucune information sur le fabricant.
Il semblerait y avoir du monde qui cherche des informations. Je retrouve des conversations en anglais, en chinois, en russe, en hongrois.
Parmi eux, il y en a un qui a partagé le document TUV concernant le rapport de test d’émission EMC d’un certain nombre de produis utilisant cette puce.
Le document est disponible ici https://elektrotanya.com/toaster_kt600_kt600f_kt700_pt8a2511pe_pt8a2512ne_a0201d_kt600e_a0201f_a0201_kt600g2_kenyerpirito.pdf/download.html
Il s’agit de la société Ningbo Kaibo Group Co., Ltd. Je trouve même un site web assez vétuste où elle présente les grille-pains qu’elle vend !
http://www.kaibo.com/old/products_16.htm
Il semblerait que la société ait obtenu la certification pour des cartes qui utilisent deux puces différentes. L’autre est la PT8A251.
La bonne nouvelle est que pour celle-ci on retrouve la datasheet : https://www.mouser.com/datasheet/2/115/PT8A2511-1350784.pdf
Toujours dans le même document où l’on retrouve un schéma d’usage
Il est utile car il reprend le fonctionnement du pont diviseur dont nous avons parlé plus haut. L’alimentation est à 230 VAC. L’alimentation du PCB est à 12 V. Toujours en AC car elle est prise directement sur un point du pont diviseur. Elle sera redressée dans un second temps. Le schéma d’application est dans une configuration à trois résistances en série. Dans un grille-pain pour deux tartines nous avons bien trois résistances de chauffe. Leurs valeurs de résistance sont également données.
Partons du principe que les puces A0201D et PT8A2511 soient tellement similaires que l’on va faire mener la suite de nos réflexions avec la datasheet de la deuxième.
Au regard de la description nous ne devons pas être si loin que cela 😊
Celle de cette carte est dans un package DIP-8, nous avions déjà remarqué qu’il n’y a pas de composants montés en surface.
La puissance de notre grille-pain
Si le grille-pain ne s’allume pas du tout, même en tenant le levier baissé, la première chose à faire est de vérifier si la série des trois résistances donne la valeur souhaitée. Si la valeur est infinie cela voudra dire que le circuit est ouvert donc que le fil de nichrome est coupé quelque part.
Dans notre cas le grille-pain chauffe donc la série n’est pas endommagée. La valeur mesurée directement à la prise est de 44,5 Ohm.
Nous pouvons utiliser Ohm pour trouver l’intensité de courant qui traverse cette série de résistances :
La puissance électrique étant donnée par P= U x I nous obtenons P = 230V x 5,17A = 1188Watts.
Effectivement sous le socle du grille-pain une étiquette nous confirme cette valeur :
Les éléments chauffants
Nous avons vu plus haut que des résistances produisent de la chaleur au passage d’un courant.
Dans les grille-pains ces éléments résistifs sont constitués d’un fil de nichrome enrobé autour d’une plaque de mica.
La plaque de mica sert en tant que matière isolante et rigide pour le support du fil.
Le nichrome, un alliage de Nickel et de Chrome, confère au fil chauffant les caractéristiques qui ont rendu possible la réalisation du grille-pain électrique moderne. Il s’agit d’un matériel à très forte résistivité, 60 fois plus grande que celle du cuivre !
Nous essayons dans la suite de ce paragraphe un calcul qui pourrait nous conduire à des valeurs très approximatives.
Nous avons vu plus haut que la puissance électrique (P) dissipée dans un élément chauffant est donnée par :
Où :
P est la puissance en watts (W).
U est la tension en volts (V)
R est la résistance en ohms (Ω).
La résistance R d’un élément résistif :
- Dépend de la matière, de sa caractéristique appelée résistivité
- Dépend de sa longueur, d’une manière proportionnelle
- Dépend de sa section, inversement proportionnelle
La résistance (R) d’un élément est donnée par la formule :
Où :
R est la résistance en ohms (Ω)
ρ est la résistivité (Ω⋅m)
L est la longueur du fil en mètres (m)
A est la section transversale du fil en mètres carrés (m2)
La résistivité ρ est une constante. Elle peut dépendre de la température.
La résistivité du nichrome à 20 °C est de 1,08 × 10−6 Ω⋅m
Ce grille-pain est composé de 3 plaques de mica d’une largeur de 16 cm.
La longueur du fil sur une plaque est donc de 32 cm/tour (2 cotés *16 cm)
Le fil effectue 10 tours autour de la plaque en mica. La longueur du fil sur une plaque est de 320 cm (32 cm/tour * 10 tours)
La longueur complète du fil pour les trois plaques et de 960 cm (320 cm/plaque * 3 plaques)
J’ai volontairement isolé la section car cela était une des deux inconnues mais la plus compliqué à mesurer. Le fil n’a pas une forme circulaire, il est plat et son épaisseur n’est pas aisé à être mesuré.
Je peux écrire la formule comme suit :
Supposons que le fil de nichrome était de forme circulaire. Son rayon serait :
A l’œil, parce que je ne peux pas faire autrement, mon calcul ne semble pas si mal que cela.
Et pourquoi ils chauffent
La chaleur produite, souvent considérée comme un inconvénient dans les circuits électroniques, est au contraire dans le cas du grille-pain le phénomène recherché. Car ce que l’on veut dans un grille-pain c’est bien produire de la chaleur. La transformation de l’énergie électrique en énergie thermique est le résultat d’un processus que nous ne décrirons pas dans cet article (On aurait pu parler de friction, de frottement, de l’effet Hall mais cela n’est pas le moment. Un clin d’œil à Paolo Ruggerone qui fut mon professeur en physique des matériaux et dont j’appréciais ses qualités pédagogiques extraordinaires).
La loi qui décrit ce comportement est appelé « Loi de Joule-Lenz », elle affirme :
« La quantité d’énergie thermique produite par un courant électrique est directement proportionnelle au carré de l’intensité du courant lorsqu’il circule dans le conducteur et à la résistance que ce conducteur oppose au passage du courant »
La notation mathématique est la suivante :
où :
Q – quantité de chaleur dégagée [J];
I – intensité du courant électrique [A];
R – résistance électrique du conducteur [Ω];
t – temps du courant électrique [s].
L’énergie thermique fournie par le grille-pain est donc de 107 kJ
L’électronique de contrôle
Grâce à la datasheet, nous disposons désormais de trois éléments de documentation fondamentale :
- Le brochage de la puce
- Le « Application circuit »
- Le « Block Diagram »
Je mets sous tension le grille-pain et je mesure la tension entre le pin 4 et le 8 donc entre Vcc et le GND. Je mesure 4,39 V donc la puce est alimentée avec une tension qui est conforme aux caractéristiques du composant (Operating Voltage 3,5V ~ 5V).
Toujours dans le même document je trouve l’Application Circuit :
Le redressement AC/DC est opéré par D2 et C1. La tension est ensuite régulée par la diode Schottky VZ1 et stabilisée par le condensateur C3.
L’électro-aimant qui ne tient pas le crochet est représenté par l’inductance L1. Au regard du schéma il est alimenté à la sortie du bloc de redressement Diode 2 et condensateur C1 donc avec tension continue.
Je mesure une résistance de la bobine de 130 Ohm, ce qui est une valeur d’une bobine en bon état. Pour que L1 soit alimenté, le transistor Q1 doit rester en conduction. Il s’agit d’un NPN, un signal High doit lui arriver à sa Base depuis le pin 3 de la puce.
C’est Q1 qui maintient la bobine alimentée ainsi que le reste de la carte. Lorsque l’utilisateur appuie sur le bouton de relâche (SW3), la Base et l’Emetteur sont mis en court-circuit, Q1 est bloqué et aucun courant ne peut le traverser entre le collecteur et l’émetteur, l’électro-aimant relâche le crochet qui ouvre l’interrupteur bipolaire S1. A ce moment la tension Vcc devient nulle et la carte n’est plus alimentée.
Les interrupteurs SW1 et SW2 ferment le PIN1 et le PIN2 à la masse (GND). Cette action génère une impulsion négative qui active la modalité DEFROST et REHEAT.
En retour de cette sollicitation, PIN1 et PIN2 sont mis à GND. Les diodes LED sont donc alimentées pour indiquer cet état. PIN1 et PIN2 sont bien identifiés comme des I/O dans le brochage.
Jusqu’à quand la carte sera alimentée, la LED en série à R5 sera elle aussi alimentée en indiquant que le grille-pain est en état de fonctionnement.
La carte sera alimentée pendant un certain temps. Ce temps-là est choisi en effectuant une variation sur R6. La résistance variable R6 correspond effectivement au sélecteur extérieur qui nous permet de choisir pendant combien de temps la tartine va dorer.
Un grille-pain clever
Ce modèle de grille-pain dispose d’une certaine forme d’intelligence. Pour utiliser un terme d’informaticien il n’est pas stateless, pour le dire à l’anglaise il est clever.
L’on peut remarquer que la résistance variable R6 est en série à une thermistance NTC. La photo de la carte permet de l’identifier, il s’agit du composant en haut à gauche désigné TH 474.
Sa valeur de résistance est de 470 kΩ à 25°C. Cette valeur baisse à l’augmentation de la température ce qui fait que la résistance globale vue par les PIN 5,6 et 7 variera en fonction de la température. Plus la valeur sera petite et plus le courant qui circule sera important. Ce courant chargera plus rapidement le condensateur. Le cycle charge/décharge sera plus rapide, le temps de cuisson plus court.
Lorsque nous grillons notre première tartine, la température de la thermistance est celle de la pièce. Lorsque nous grillons une deuxième tartine juste après, le grille-pain sera chaud et la thermistance également. La puce réduira donc le temps de cuisson.
Le temps de cuisson
L’électronique dans ce modèle de grille-pain est physiquement implémentée sur deux PCB distincts. Celui avec la puce est entièrement en basse tension. Avec un connecteur à trois broches, j’identifie la Vcc, la GND qui lui arrivent depuis l’autre carte un la sortie vers l’électro-aimant. Ceci-dit, l’on pourrait alimenter de manière complètement autonome cette carte.
Le fil rouge est la GND et le fil jaune est la Vcc.
Lorsque je mets le grille-pain sous tension, je mesure une tension de 10 V entre ces deux broches.
Je peux fournir à la carte cette tension en complète autonomie par une alimentation de laboratoire.
Je monte petit à petit et je m’arrête à 7 V car elle semble déjà fonctionner.
Ma manipulation ressemble à celle-ci :
Avec le potentiomètre positionné à la valeur la plus petite, sur PIN3 je mesure 3,42 V pendant 1 minute et 45 secondes.
Avec le potentiomètre positionné à la valeur la plus haute, le PIN3 passe à 0V après 4 minutes et 4 secondes.
A l’aide d’un sèche-cheveux je chauffe légèrement la thermistance.
J’effectue une deuxième fois la mesure avec le potentiomètre dans la position la plus petite, la tension chute à 0 V à 1 minute et 35 seconds. Le temps est réduit, c’est merveilleux !
L’oscillateur
Le Pin 6 indique l’entrée/sortie d’un oscillateur et la description indique que sa fréquence dépendra des valeurs d’une résistance et d’un condensateur extérieurs.
Avec l’oscilloscope je pique sur le PIN 6 et je trouve un signale en dents de scie.
Avec le potentiomètre dans la position la plus petite j’obtiens :
La base de temps est sur 1 ms sec/div.
L’amplitude est de 3,5 divisions.
L’amplitude de la période est donc de 3,5 div * 1 ms/div = 3,5 ms
La fréquence du signal est de 285 Hz (1/(35 * 103))
Avec le potentiomètre dans la position la plus haute j’obtiens :
La base de temps est sur 5 ms sec/div.
L’amplitude est de 1,6 divisions.
L’amplitude de la période est donc de 1,6 div * 5 ms/div = 8 ms
La fréquence du signal est de 125 Hz.
Cette mesure a permis de vérifier que l’oscillateur modifie la fréquence en fonction de la position du potentiomètre. La fréquence augmente lors de l’augmentation de la valeur de la résistance.
A l’aide d’un tableur, j’insère les mesures effectuées aux extrêmes et j’obtiens :
En colonne C je calcule le coefficient de cette droite.
La datasheet de la puce PT8A2511 ne contient pas d’indications particulières liées aux usages. En revanche d’autres puces qui servent dans les mêmes situations disposent de datasheets parfois plus complètes. Il y en a une pour laquelle la datasheet est riche, c’est la ga5210ph.
Hélas je ne la trouve qu’en chinois et dans un paragraphe l’on retrouve cette formule :
A l’aide d’un traducteur en ligne j’obtiens :
Vous remarquerez la présence d’une constante 24350. Elle est du même ordre de grandeur du coefficient de la droite.
Le Block Diagram suivant montre cet oscillateur ainsi qu’un diviseur de fréquence en série.
Proposition de fonctionnement :
- Le diviseur de fréquence (Frequency Divider dans le Block Diagram) vient compter le nombre d’oscillation.
- Au bout de 24350 oscillations, ce composant va déclencher la commande de repos via la broche de sortie « RELAY ».
- Plus la fréquence du signal est haute plus le nombre d’oscillation est haute dans une période constante. Atteindre les 24350 oscillations sera d’autant réduit.
La réparation
Au regard des vérifications effectuées, le problème ne pouvait être que sur le transistor Q1 ou sur l’électro-aimant.
Je vérifie les deux jonctions du Q1, le transistor est en bon état.
[Les différents retours m’ont fait remarquer je j’aurais pu illustrer comment j’ai effectué le test du transistor à l’aide d’un simple multimètre. Je garde précieusement ce conseil pour les prochains articles.]
La photo suivante met en évidente l’électro-aimant:
La poussière des tartines se dépose entre la partie et la partie mobile ce qui empêche cette dernière de rester collé lorsque la bobine est alimentée.
J’ai nettoyé très soigneusement l’extérieur de l’électro-aimant à l’aide d’alcool isopropylique. Si vous n’en avez pas, un coup d’air comprimée suffira.
Ensuite il faut ouvrir la gâchette et nettoyer les impuretés qui y seront surement déposées. C’est tout ce qu’il fallait faire.
Bien-sûr il ne faut pas passer par toutes ces étapes. Dans une situation classique pendant un temps de réparation au Repair Café, la vérification de ceux deux composants est la première chose à faire et souvent la seule car le nettoyage suffit dans la plupart des cas.
L’électro-aimant
Compte tenu que la panne concernait exclusivement l’électro-aimant j’ai pensé qu’il serait utile de faire un rappel de son fonctionnement.
Comme son nom l’indique, ce n’est rien d’autre qu’un aimant électrique, un aimant piloté. Ce dispositif permet une conversion de l’énergie électrique en énergie mécanique.
Le courant électrique parcourant la bobine produit un champ magnétique qui déterminera une force d’attraction.
Les électro-aimants peuvent être classés par catégorie. Cette catégorie est déterminée principalement par leur géométrie. Les réversibles, les bistables, les rotatifs, etc.
Celui que l’on retrouve dans un grille-pain est de type proportionnel. Proportionnel car la force magnétique est proportionnelle au courant circulant dans la bobine, même si dans cet usage la force sera constate compte tenu que la courant ne varie pas.
Les électro-aimants peuvent avoir deux modes de fonctionnement, le tirant et le poussant. Celui dans un grille-pain est dans une configuration de mode tirant car le flux magnétique génère une force qui attire l’armature mobile. Lorsque la bobine ne sera plus alimentée, l’armature est relâchée.
Des formules, un peu compliquées je l’avoue, permettent de déterminer cette force d’attraction. L’on peut arriver à calculer la force d’aimantation.
Cette force est due à différente facteurs dont la finition de la pièce à aimanter, les matériaux la composant.
Le dépôt de la poussière, du principalement aux miettes des tartines, vient modifier la surface. C’est comme si la finition changeait donc son adhérence. Ce changement réduit la puissance.
A l’aide d’un dynamomètre il serait possible de mesurer cette force, avant et après nettoyage. Je conserve cette expérience pour la prochaine réparation.
La consommation
Je ne sais pas vous mais moi j’aime bien lorsque la tartine est brune mais pas cramée. Pour ma tartine de pain complet j’obtiens ce résultat au bout de 1 minute et 30 seconds environ. Et j’en grille toujours deux en même temps car j’aime bien varier la confiture mais avec bien sûr du beurre salé sur les deux 😊.
Constantes : 1 heure = 60 minutes = 3600 secondes
Si 1 heure / 60 minutes = 90 seconds / x heures
L’énergie électrique est représentée par la formule E = P * t donc l’énergie utilisée pour dorer ma tartine sera de
Avec le contrat dont nous disposons avec le fournisseur, le prix de l’énergie est de 0,2276 €/kWh.
Finalement, le prix qui me coûte dorer deux tartines est d’environ .
Si je déjeune tous les jours de l’année à la maison, j’aurai un coût global de tartines dorées de 2,5 € (0,068 €/jour x 365jours) !
Le coût de l’électricité
Autant les citoyens râlent souvent des constantes augmentations du prix de l’électricité, autant au dire Jean-Marc Jancovici, un ingénieur expert en énergie et climat, le prix de l’électricité est gratuit quel que soit son prix !
A ce sujet je peux vous suggérer de visionneur son intervention au Sénat auprès de la commission d’enquête sur “la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050”. Voici le lien https://www.youtube.com/watch?v=M9_XyyPTDhg
Nous avons vu que pour dorer mes deux tartines le grille-pain aurait consommé 0,0297 kWh (29,7 Wh) et que l’énergie thermique fournie a été de 107 kJ.
C’est peu, pas beaucoup, beaucoup ? Tout dépend de comment l’on prend les choses.
Pendant que j’ai fait dorer mes tartines j’étais en train de m’occuper avec d’autres activités, à aucun moment j’ai dû m’occuper de comment l’énergie électrique était fournie au grille-pain. C’est mon fournisseur d’électricité qui le faisait à ma place.
Est-ce que j’aurais été capable par mes propres moyens de produire autant d’énergie électrique pour que je puisse griller la tartine ?
A ce propos je vous invite à regarder la vidéo qui raconte l’expérience produite à Stockholm avec le cycliste professionnel Robert Förstemann. La vidéo est disponible ici https://youtu.be/S4O5voOCqAQ?si=W17EVldJcVlh94dv
Comme vous l’aurez compris, la réponse est définitivement négative.
Conclusion
La réparation a permis de remettre en bon état de fonctionnement un grille-pain qui autrement aurait vu la déchetterie (1,9 kg) comme seule destination possible et économisé une quarantaine d’euros.
Jérémy sera content de le récupérer pour bien griller ses tartines ou l’offrir à quelqu’un d’autre.
J’espère que la lecture de cette fiche vous a plu et qu’elle vous permettra de réparer facilement le grille-pain qui traîne dans un coin de votre grenier.
N’hésitez pas à passer à l’atelier de co-réparation Rezéen où une équipe de bénévoles vous accueille et vous accompagne dans vos réparations un samedi matin par mois tout en partageant des bons gâteaux et du jus de fruit !